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Théorie de la connaissance

  • Composante

    UFR de philosophie (UFR10)

  • Volume horaire

    26h

  • Période de l'année

    Printemps

Description

1- Théorie de la connaissance (6 ECTS) K4040215

Marion Vorms    

  Jeudi, 14h-16h  

  D622 

 

Raisonnement scientifique et raisonnement judiciaire : données, hypothèses, preuves

 

Comment, sur la base d’un ensemble de données initialement disparates, en vient-on à formuler, élaborer, et finalement à adopter — au moins temporairement — des hypothèses ? À partir de quel moment est-il légitime de considérer que les données parlent suffisamment en faveur d’une certaine hypothèse pour accepter cette dernière, et en rejeter d’autres ? Quelle(s) décision(s), théorique(s) ou pratique(s) une telle acceptation implique-t-elle ?

La théorie de la connaissance, quand elle traite de ces questions, se concentre presque exclusivement sur l’enquête scientifique : le cœur des théories dites « de la confirmation » consiste ainsi à élucider la manière dont les théories scientifiques sont soutenues par les données empiriques. L’objectif de ce cours est d’aborder un ensemble de questions relatives au raisonnement sur la base de données ou raisonnement probatoire (evidential reasoning) par le biais d’une analyse comparée entre raisonnement scientifique et raisonnement judiciaire. Plus précisément, il vise à éclairer d’un nouveau jour certains aspects du raisonnement scientifique au moyen d’une étude du raisonnement probatoire dans le domaine judiciaire, depuis l’enquête criminelle jusqu’au jugement rendu par le juge ou le jury — étude qui puisera des éléments de réflexion aussi bien en droit français qu’en Common Law.

Après avoir rappelé quelques éléments fondamentaux des théories de la confirmation (problème de l’induction, approche hypothéthico-déductive, approche bayésienne), on abordera en particulier les thèmes suivants :

  1. La notion de donnée : que nous enseigne à ce sujet la réflexion juridique sur les différents types de preuve (testimoniale, tangible, scientifique, etc.), leur crédibilité, leur pertinence, leur admissibilité ?
  2.  L’acceptation des hypothèses : que nous enseignent les différents types de standards de preuve (ou de règles de conviction) en usage selon les juridictions, les notions de charge de la preuve et de présomptions, sur l’acceptation des hypothèses scientifiques (et en particulier la notion significativité statistique en science) ? Comment les seuils d’acceptation des hypothèses varient-ils selon le contexte — juridique ou scientifique ? Comment, de ce point de vue, la réflexion sur le juridique permet-elle de repenser le rôle des valeurs dans l’enquête scientifique ?
  3. Le statut du témoignage et le rôle des experts : que nous enseigne une analyse du témoignage au tribunal, et plus particulièrement de celui des experts et des recommandations qui leur sont faites (notamment en ce qui concerne l’expression de résultats statistiques) sur la communication de l’incertitude, et plus généralement le statut de la parole publique des scientifiques ?

 

Le cours s’appuiera sur des articles et ouvrages de philosophie, ainsi que sur des sources juridiques. La bibliographie ci-dessous concerne presque exclusivement les références philosophiques.

 

Bibliographie

 

  • Bouchard, F. (2016). “The Roles of Institutional Trust and Distrust in Grounding Rational Deference to Scientific Expertise”, Perspectives on Science, vol. 24 (5) : 582-608.
  • Cohen L. J. (2002). Should a jury say what it believes or what it accepts? In Knowledge and language. Selected Essays of L. Jonathan Cohen. Boston studies in the philosophy of science (Vol. 227), ed. and with an introduction by James Logue. Springer.
  • Cozic, M. "Confirmation et induction", Précis de philosophie des sciences, Vuibert.
  • Douglas, Heather. (2008), “The Role of Values in Expert Reasoning.” Public Affairs Quarterly 22 (1): 1–18.
  • Earman, J. et Salmon, W. (1999). “The confirmation of scientific hypotheses”, in Salmon M. et al. Introduction to the philosophy of science, Indianapolis & Cambridge: Hackett publishers. 
  • Friedman, J. (2017). Why suspend judging? Noûs, 51(2), 302–326.
  • Gelfert, A. (2014). A Critical Introduction to Testimony (London: Bloomsbury Publishing).
  • Goldman, Alvin. 2001. “Experts: Which Ones Should You Trust?”, Philosophy and Phenomenological research, 63:1, 85-110
  • Hardwig, John (1985). "Epistemic Dependence," Journal of Philosophy 82: 335-49.
  • Hempel, Carl. (1965). “Science and Human values”, Aspects of scientific explanation and other essays in the philosophy of science
  • Howson, C. et Urbach, P. (1993). Scientific Reasoning: The Bayesian Approach, 2nd edition. Chicago: Open Court.
  • John, S. (2011). “Expert Testimony and Epistemological Free-Riding: The MME Controversy”, The Philosophical Quarterly 61: 496–517.
  • John, Stephen. (2015). “The example of the IPCC does not vindicate the value free ideal”, Synthese.
  • Picinali, Federico. (2013). Two Meanings of 'Reasonableness': dispelling the 'floating' Reasonable Doubt, The Modern Law Review.
  • Roberts, P. et Zuckerman, A. (2010). Criminal evidence, Oxford University Press.
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